Méditation Conscience
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Création art
La création artistique
14 années séparent ces 2 oeuvres. "Composition 1984" fut ma première oeuvre à être exposée et vendue. "Freeze Frame Picture" fut ma dernière série et a marquée la fin de mon aventure picturale.
Bien que je voie la filiation visuelle de ces 2 oeuvres - ma vision est identique - ma conscience est différente.
Dans le premier tableau, j'essaie désespérement de lier les choses les unes aux autres et d'en faire une unité; alors que dans la dernière série, j'ai prix conscience de la non-continuiré de ce qui est perçu et de ce qui est; les choses existent les unes à côté des autres, mais mes sens sont incapables de me donner une vision de tout en mème temps; je ne peux pas voir devant et derrière moi en mème temps; alors je complète la vision de tout le tableau par ma mémoire ou mon imagination, créant ainsi une abstraction de l'unité.
Lorsque je prends conscience que je suis tout - tout, qui ne peut être différencié par ceci ou cela ni par ceci et cela, tout qui ne peut être vu ou décrit ou perçu physiquement par la logique même de notre univers physique - je suis en même temps rien de particulier, rien dont je puisse parler ou en dire quoique se soit, par la logique même du langage, un mot un espace un autre mot....
Je est rien et disparaît. Et en disparaissant, instantanément je suis ici dans ce corps qui voit entend perçoit parle écrit entend et lit. Ah quel soulagement de tant de simplicité; anecdotique et essentiel, plus de sens caché ou à chercher. Juste ici maintenant écrire ou lire ces mots, regarder sans scruter.
Voici un extrait d'un entretien datant de 1998 concernant ma dernière exposition
A mes yeux vos images ont un caractère énigmatique. Quelles sont vos sources d’inspiration?
La seule chose qui m’importe est ce qui soutient l’existence de toute chose, ce rien d’avant les formes, quel que soit le nom qu’on lui donne: espace, vide, rien, éternité, silence, Dieu ou je-ne-sais-quoi. C’est un espace intime, intérieur, contenant tout . C’est l’énigme de la vie et je n’ai d’autre solution que de la vivre. Je peins comme si je recueillais les images d’un voyage; elles sont imprécises, délicates, imparfaites, ponctuelles et partielles.
D’où le titre de cette série “freeze frame pictures“ – en français arrêt sur images?
Oui. Chaque image n’est qu’une partie du tout qui est au-delà de toutes représentations. La composition de deux ou plusieurs tableaux met l’accent sur la discontinuité et l’autonomie fondamentale de chaque image ou de chaque instant. La continuité, ou le mouvement, est une illusion créée par la lenteur de mon cerveau, qui échoue à voir l’espace entre chaque image. Dans mes peintures antérieures, je voulais créer les liens, créer l’unité, d’abord physiquement (assemblage ou collage des différentes parties) puis symboliquement (faux-cadre et accentuation du centre). Cette série “freeze frame pictures” est une histoire de parties et de tout. La perception de l’espace crée l’unité. C’est une grande énigme pour le cerveau humain, qui cherche toujours à comprendre mentalement (d’une manière linéaire et discursive) ce que les mystiques ont exprimé par “Je suis Un” ou par “Je suis Tout” . Je ne prétend pas à cela. Je tente seulement de déjouer le mécanisme mental qui veut donner un sens, une continuité, à tout ce que je perçois, moi qui préfère être dans la sensation plutôt que dans l’interprétation.
Vos peintures semblent être des photos prises sans focus, des agrandissements, des détails microscopiques, ou des repiquages d’images vidèo. Quelles relations faites-vous entre la photographie et la peinture?
L’image photographique ou vidéo est une référence qui prend de plus en plus la place de la réalité (qui a vu les pyramides, les chutes du Niagara la guerre du Golfe ou Le Paradis de Bosch de ses propres yeux ?). L’aspect photographique confère à mes peintures une aura de réalité et interpelle le regard afin qu’il appréhende la substantialité de l’espace, sa granulosité, ou ce que je nomme parfois sa trame. J’invite à voir l’écran plutôt que l’image.
Pourquoi des images noir/blanc?
C’est un contrepoint à ce que je disais tout à l’heure de la réalité . L’image noir/blanc est un archétype de l’abstraction; elle ne retient que certaines valeurs de l’image ; elle s’apparente au rêve, et au-delà, au mythe de la création et de la vie. Le noir représente pour moi ce vide ou cet espace hors existence, ce tout d’avant les formes. J’ai laissé les images naître dans le noir, une à une, pour elles-mêmes. Elles sont à la fois insignifiantes et essentielles. J’avais toujours pensé que, parce que je faisais de la peinture dite abstraite, j’échappais aux images. Mais toute chose visible est une image. L’image n’est qu’une apparition, une apparence, une projection sur l’écran de ma vision; cependant sans les images il n’y a rien – à voir. L’image fonctionne comme un appât pour le regard et il arrive parfois que je me surprenne alors à regarder autre chose que l’image. Je crois que cela à toujours été la fonction de la peinture, de faire pénétrer celui qui regarde dans l’immatériel.